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Rentable, la LNH

Le dernier lock-out a été payant pour les équipes de la LNH : leur valeur a augmenté de 46 % en un an selon le magazine Forbes. Troisième équipe de hockey la plus riche du circuit Bettman derrière les Maple Leafs de Toronto et les Rangers de New York, le Canadien de Montréal vaut 775 millions US, une hausse de 35 % en un an.

La nouvelle convention collective, qui a fait passer de 57 % à 50 % la part des revenus de la LNH accordés aux joueurs, a embelli les états financiers des équipes de la LNH durant la saison 2012-2013, écourtée par le lock-out. « Un acheteur va payer davantage en sachant que l’équipe ne peut payer ses joueurs plus de 50 % de ses revenus. Il sait qu’il a de meilleures chances de faire des profits », dit Michael Ozanian, journaliste au magazine Forbes, qui publie chaque année, depuis 1998, une étude sur les finances de la LNH.

Soit, la nouvelle convention collective a aidé les finances des équipes du circuit Bettman. Mais les deux principales raisons expliquant cette hausse annuelle de 46 % sont tout autres : les droits de télé locaux et la demande parmi les investisseurs fortunés pour acheter une équipe de sport.

Selon Forbes, les droits de télé locaux se renouvellent à environ deux fois le prix de l’entente précédente. Et les rendements intéressants obtenus à la Bourse américaine font monter la valeur des entreprises qui ne sont pas inscrites en Bourse, puisque leurs profits se négocient plus cher lors de transactions privées. À titre d’exemple, le ratio valeur/profits de l’indice américain S & P 500 est passé de 12,8 au début de l’année 2012 à 17,0 actuellement. « Beaucoup d’investisseurs intéressés à des équipes sportives viennent du milieu des fonds spéculatifs [hedge funds], veulent diversifier leurs investissements et sont prêts à payer pour cette diversification, dit Michael Ozanian. Joshua Harris a acheté récemment les Devils du New Jersey pour 320 millions US, et la deuxième offre la plus élevée était de 240 millions US. »

Pour la première fois depuis que Forbes a commencé à s’intéresser aux finances de la LNH en 1998, trois des cinq équipes les plus riches de la LNH sont canadiennes (Toronto, Montréal, Vancouver). Afin de réaliser son étude, Forbes s’appuie notamment sur des documents d’institutions financières, de consultants, d’autorités publiques et d’agences de notation. La LNH et le Canadien de Montréal ne participent pas et ne reconnaissent pas la validité des chiffres de Montréal. Toutefois, un document déposé par Bell (un actionnaire minoritaire du Tricolore) au CRTC arrive sensiblement aux mêmes chiffres que Forbes pour les années en question.

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Le CH bientôt plus riche que les Rangers ?

Depuis plusieurs années, le Tricolore est la troisième équipe la plus riche de la LNH avec une valeur de 775 millions US. Le consortium mené par la famille Molson avait payé 575 millions CAN en 2009 pour le Canadien, le Centre Bell et evenko. Le journaliste Michael Ozanian, de Forbes, croit que le CH, qui a généré des profits de 29,6 millions sur des revenus de 127 millions durant la saison 2013, pourrait bientôt dépasser les Rangers au deuxième rang. « Le Canadien signera bientôt un nouveau contrat de télé, tandis que les Rangers auront une concurrence accrue des Islanders quand ils déménageront à Brooklyn en 2015 », dit-il.

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Vive les droits locaux de télé !

Pourquoi les Devils et les Islanders restent-ils dans la grande région de New York malgré leurs difficultés aux guichets (moins de 14 200 spectateurs par match cette saison) ? En raison de leurs revenus locaux de télé : ils sont ex aequo au cinquième rang du circuit Bettman à ce chapitre avec 24 millions US par saison. Les Maple Leafs génèrent 41 millions US en revenus locaux de télé, les Rangers, 35 millions, le Canadien, 33 millions, les Red Wings, 30 millions et les Canucks, 25 millions. Selon Forbes, chaque contrat de télé local venant à échéance devrait rapporter environ le double à l’équipe. Celui du Canadien avec RDS se termine justement à la fin de la présente saison… 

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Pas de pertes au Canada

Aucune des sept équipes canadiennes n’a perdu de l’argent la saison dernière. En guise de comparaison, 11 des 23 équipes américaines ont perdu de l’argent (52,6 millions au total). En 2011-2012, 13 des 30 équipes du circuit Bettman avaient perdu de l’argent, et 18 équipes avaient été déficitaires en 2010-2011. Pour la première fois depuis que Forbes s’intéresse aux finances de la LNH (1998), trois équipes canadiennes se classent dans le top 5 des équipes les plus riches. L’équipe canadienne la moins riche, les Jets de Winnipeg, est au 16rang avec une valeur de 340 millions.

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Le top 3 plus rentable que les autres équipes

Si moins d’équipes de la LNH ont perdu de l’argent, il y a une réalité financière qui n’a pas changé dans la LNH avec la nouvelle convention collective : l’inégalité de richesse au sommet de la pyramide. Ensemble, les trois équipes les plus riches (les Maple Leafs, les Rangers et le Canadien) ont fait plus de profits (105,6 millions) que les 27 autres équipes de la LNH réunies (104,7 millions). À noter que la dernière saison a été écourtée par le lock-out, chaque équipe disputant 48 matchs au lieu de 82. Ce sont toutefois les séries éliminatoires qui sont le plus rentables (pas besoin de payer les joueurs), et celles-ci n’ont pas été écourtées.

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La Bourse, meilleur allié et pire ennemi de Bettman

La valeur des équipes de la LNH augmentera-t-elle de 46 % encore l’an prochain ? Ce serait étonnant. La Bourse américaine vient de connaître une excellente année (+ 28 % pour l’indice S & P 500). Si son élan est stoppé, le ratio valeur/profits de ses entreprises diminuera, et il y aura un effet d’entraînement au sein des équipes sportives qui ne sont pas en Bourse. « Si la Bourse ralentit et que les entreprises perdent globalement de la valeur, alors je serais surpris que la valeur des équipes de la LNH continue d’augmenter comme ça, dit Michael Ozanian, journaliste de Forbes. Probablement que la valeur des équipes restera alors stable. » 

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Des champions déficitaires ?

Durant les dernières séries éliminatoires, le propriétaire des Blackhawks de Chicago, Bill Wirtz, déclarait que son équipe perdrait de l’argent cette saison. Forbes estime plutôt que les Blackhawks ont généré des profits de 25,6 millions US la saison dernière. « [M. Wirtz] ne ment pas, mais il oublie certains détails », dit Michael Ozanian, journaliste de Forbes. Par exemple, que certains revenus (les loges, notamment) sont comptabilisés dans une autre entreprise détenue conjointement avec les propriétaires des Bulls.

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